lundi 23 avril 2012

« Fictions », galerie Satellite, Paris 9 juin - 7 juillet 2012




© Photos Yannick Vigouroux



L'exposition « Les Images Voyageuses » est terminée depuis ce samedi 21 avril 2012 mais vous pourrez retrouver une partie des œuvres exposées par Eric Bouttier, Karine Maussière, Pierryl Peytavi, Yannick Vigouroux et Rémy Weité (ainsi que celles d'une cinquantaine d'artistes !) dans l'exposition « Fictions » cet été, dans la même galerie.


mercredi 18 avril 2012

Finissage de l'exposition, et signatures du livre "Les Images Voyageuses" par Yannick Vigouroux et Rémy Weité le samedi 21 avril 2012 à partir de 16h

Les Images Voyageuses


une exposition de photographies à la galerie Satellite, carte blanche à Yannick Vigouroux
7, rue François-de-Neufchâteau, 75011 Paris
M° Voltaire / Charonne
du 24 mars au 21 avril 2012






© Photo Ons Abid









Yannick Vigouroux signera aussi Naufragée (texte de Sylvain Estibal), aux éditions Thierry Magnier, 2007 http://www.editions-thierry-magnier.com/9782844205247-l-yannick-vigouroux-sylvain-estibal-naufragee.htm

et La Photographie contemporaine, co-écrit avec Christian Gattinoni, aux Nouvelles Editions Scala, 2009 http://www.editions-scala.fr/pa207ou290/Ouvrage/La-photographie-contemporaine.html

Les livres d'Eric Bouttier et de Karine Maussière sont toujours disponibles à la galerie.

jeudi 12 avril 2012

« Les Images Voyageuses » vues par Eric Bouttier






















 










© Photos Eric Bouttier, de gauche à droite, photographes exposés : Rémy Weité, Karine Maussière, Eric Bouttier, Pierryl Peytavi, Yannick Vigouroux

jeudi 29 mars 2012

« Les Images Voyageuses » vues par Pierryl Peytavi et Marion Roux









© Photos Pierryl Peytavi,
 vernissage de l'exposition, 24 mars 2012





















 
© Photos Marion Roux,
 vernissage de l'exposition, 24 mars 2012

mardi 27 mars 2012

« Les Images Voyageuses » vues par Ons Abid












 

© Photos Ons Abid, 
vernissage de l'exposition, 24 mars 2012

« Les Images Voyageuses » vues par Karine Maussière





© Photos Karine Maussière,
 les photographes voyageurs et le galeriste Bruno Maisons










© Photos Karine Maussière, 
vernissage de l'exposition, 24 mars 2012


« Les Images Voyageuses » vues par Yannick Vigouroux

 
© Photo Yannick Vigouroux,
 « Marseille, 10 décembre 2012 » (Poladroid)






© Photos Yannick Vigouroux, 
Christian Gattinoni et Jean Marie Baldner

jeudi 9 février 2012

Les Images Voyageuses


une exposition de photographies à la galerie Satellite, carte blanche à Yannick Vigouroux
7, rue François-de-Neufchâteau, 75011 Paris
M° Voltaire / Charonne
du 24 mars au 21 avril 2012


Vernissage, lancement et signatures du livre Les Images Voyageuses
le samedi 24 mars 2012 à partir de 16h






« Je pense que le voyage sur une carte géographique, cher à bien des écrivains, est un des gestes mentaux les plus naturels en chacun de nous, depuis l'enfance. Les inévitables associations d'idées, les superpositions d'images, guident ensuite automatiquement la pensée.
J'ai voulu au contraire dans ce travail [Atlas (1973)] accomplir un voyage là où s'efface le voyage même, car tous les voyages possibles sont déjà décrits et les itinéraires déjà tracés. »

(Luigi Ghirri, Milan, 1979, p.75 )




Tous les itinéraires ont, semble-t-il, été tracés, et vécus. Le monde entier exploré. Mais le voyage demeure un puissant ressort créatif, même, et peut-être surtout, lorsqu'il commence au coin de la rue. Voire chez soi, dans l'espace intime et sécurisant de la chambre, avec des micro-évènements comme cette clarté qui perce doucement à travers les volets ou les rideaux, un après-midi de sieste, de lâcher-prise physique et mental. Un rayon apparemment insignifiant qui tombe sur le sol, une vibration lumineuse sur un mur, et se forme l'image fragile d'un monde flottant. Cette chambre où l'on vit, dort, parfois dans un doux entre-deux, devient alors, telle une camera obscura, la matrice de nos images mentales.

« Après mon fauteuil, en marchant vers le nord, on découvre mon lit, qui est placé au fond de ma chambre, et qui forme la plus agréable perspective. Il est situé de la manière la plus heureuse : les premiers rayons du soleil viennent se jouer dans mes rideaux. — Je les vois, dans les beaux jours d'été, s'avancer le long de la muraille blanche, à mesure que le soleil s'élève : les ormes qui sont devant ma fenêtre les divisent de mille manières, et les font balancer sur mon lit, couleur de rose et blanc, qui répand de tous côtés une teinte charmante par leur réflexion. » écrit en 1794 Xavier de Maistre dans son Voyage autour de ma chambre.

Les images intimistes et délicates de Rémy Weité, de petit format, nous convient à un tel voyage introspectif. Très « marqué par la lumière et les ambiances intérieures qui émanent des peintures de Vermeer ou d’Edward Hopper », le photographe « tente de restituer dans un même élan des perceptions qui s’impriment en lui. L’instant décisif est d’abord à rechercher du côté de la temporalité propre du photographe, celle où naît une émotion furtive qu’il s’agit pour lui de suivre, avant de la donner en partage ».

Il aime saisir « la torpeur d’un dimanche après-midi, le soleil froid du petit jour, une musique lointaine, les squares parisiens, des personnages qu’on devine plus qu’ils ne sont présents dans le cadre, une main, une mèche de cheveux…», invitant « le spectateur à accrocher dans la lumière une rêverie, une enfance possible ».

Le photographe accorde une grande attention aux gestes et aux formes les plus infimes du quotidien, qui ont finalement autant d'importance, sinon plus, dans nos vies que les « grands évènements ».

Rémy a fait sienne cette phrase d'André Kertész : « J’interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois, mais ce que je ressens. »

Les vues de fenêtres, qu'il s'agisse de celles de sa chambre, ou de celles des trains pendant le trajet quotidien qui le conduit au bureau, sont récurrentes. Ces pièces sont baignées d'une lumière sécurisante, douce comme celles des peintres qu'il admire.

Pendant son voyage autour du monde, Karine Maussière a systématiquement photographié les chambres où elle résidait avec son photophone Sony Ericsson, des espaces aussi intimistes que ceux de Rémy Weité. Les images, accompagnées de notes de voyage, sont imprimées en très petit format et sont d'autant plus émouvantes qu'elles évoquent une intimité transitoire ; l'artiste est bel et bien « chez elle », elle s'approprie ces lieux avec son minuscule appareil, mais cela n'est que provisoire...

Les faux panoramiques d' Eric Bouttier nous convient quant à eux à un voyage sensible dans le temps paradoxal de la mémoire affective. Leur format évoque fortement celui du cinémascope. Cette série évoque aussi beaucoup le « cinéma fixe » si cher à Bernard Plossu. Des images légèrement tremblées, obtenues grâce à un appareil-jouet, en plastique, de format 24x36 cm. Eric aborde avec beaucoup de douceur et de sensibilité la fin de l'enfance. Une enfance remémorée, celle d'une lente déambulation dans les lieux où il a grandi en Bretagne. 

Les « Temps calmes » : si sont nécessaires les images qui « dénoncent », le sont aussi, tout autant, celles qui  « consolent », comme l'écrit Robert Adams (Cf. son Essai sur le Beau en photographie, éditions Fanlac, 1996), ou apaisent. Procurent un plaisir visuel et n'ont pas peur des notions de « sensualité », ou de « plaisir », loin des sèches dérives conceptualisantes,cyniquement mercantiles, et si profondément ennuyeuses, de la photographie française actuelle mise en vitrine. Une tendance hélas dominante dans les « grandes galeries » et les institutions, depuis ces vingt dernières années.

Heureusement, les œuvres présentées ici proposent, à mon sens, dans ce livre, un déni salutaire à cette immense mascarade, une formidable bouffée d'oxygène. Un courant alternatif existe, vivace... On ne peut pas les empêcher de s'exprimer. Ses acteurs que je connais bien (enfin, je l'espère), proposent, je crois, généreusement, une alternative aussi modeste que talentueuse à une certaine imagerie lisse et désincarnée.

Pierryl Peytavi utilise entre autres un Brownie flash 6x6 cm, l''objectif de cette toy-camera est de médiocre qualité. L'une de ses photos majeures, selon moi, a été prise à Naples, d'une fenêtre de bus. La scène semble fondue dans un flou aussi atmosphérique qu'optique. Avec, en arrière-plan, les rondeurs faussement rassurantes et sensuelles du Vésuve.

Le cadre de la fenêtre n'est toutefois pas visible, pas de trace de saleté ou de buée évidente en tout, révélatrice d'emblée. Alors, pourquoi cet « effet », ou plutôt ce sentiment de « fenêtre » ? je ne l'ai compris qu'après coup : il y a bien sûr le léger flou, et comme dans mes photos prises à la box 6x9, le film à l'intérieur de l'appareil n'était pas parfaitement tendu, bien plaqué et par conséquent a gondolé légèrement. Bien que délimité par des lisérés noirs encadrants mais irréguliers. Par ailleurs, la poussière sur la fenêtre sale génère, tel un calque, crée un écran qui diffuse la lumière. Comme si Pierryl avait visé à travers un bloc de verre mal taillée aux contours approximatifs. Et en effet, il n'y a rien, au sens propre et figuré de net, de sec, ou de tranchant dans cette image. Mais une douce et rassurante dissolution des apparences... et des dogmes visuels. Pierryl explore les limites de l'image, sans cesse, ses marges. C'est lune des grandes forces de son travail.

Voici une pure « image-sensation », comme l'écrit Serge Tisseron dans Nuage-Soleil (Marval, 1994) à propos des photos de Bernard Plossu, notre ami et mentor commun. Des images qui relèveraient d'une « attention suspendue ». Je parlerais moi, aussi, d'une concentration dilettante – il s'agit d'un « appareil amateur », ce qui encourage à cette attitude ? – d'un lâcher-prise visuel parfaitement assumé. Si je devais ouvrir les yeux pour la première fois et la dernière fois, j'aimerais que ce soit cette image qui s'imprime définitivement sur ma rétine.

Pour ma part, si j'aime me promener avec ma box 6x9 cm, c'est parce que cet appareil est, comme la Brownie Flash 6x6 cm de Pierryl Peytavi, léger, inoffensif (j'aime l'idée que ce ne soit pas du matériel professionnel, ˝sérieux˝). Ces boîtiers ne possèdent pas de cellule pour mesurer la lumière, pas de diaphragme non plus. Je ne peux déclencher qu'au 1/50 s ou sur la pause B. Plus de contrôle possible donc ou presque, je dois me soumettre à la lumière existante, et me contenter de cadrer très approximativement dans le minuscule dépoli. Je fais des photos quand cela est possible ; j'ai le sentiment que, désormais, c'est en réalité le monde que je laisse entrer dans la boîte qui prend lui-même l'image. De ce parti pris de lâcher prise résultent ces vues intemporelles et immatérielles. Je ne crois pas à la ˝vérité˝ du document. Selon moi, le document ment toujours, l'imaginaire jamais. 

La box 6x9 cm, comme les Holga et autres Diana, a la simplicité et la légèreté du stylo billes ou du crayon de papier - j'utilise des ordinateurs, des logiciels de traitement de texte et d'images, mais je reste attaché à l'utilisation de ces objets humbles et manuels... comme à l'envoi de cartes postales (l'une des formes idéales d'ailleurs pour moi de la diffusion de mes "Littoralités") et d'autres rituels dont on a, en si peu d'années, parfois perdu le goût, l'usage...
Poreuse, l'image photographique s'imprègne du monde, et elle nous traverse... Ou peut-être est-ce nous qui la traversons. Comme l'écrivait Luigi Ghirri, le monde est déjà une image avant que nous ne le photographions.

J'aime l'idée que ce ne soit pas moins qui prenne la photo mais le monde. Que ce soit vrai ou faux, j'aime y croire. Le temps et l'espace s'écoulent lentement dans ma box, impressionnent la pellicule. Je l'ai souhaité certes, je suis allé à la rencontre de ce phénomène, mais je ne l'ai pas voulu de manière dirigiste, programatique. J'étais là, et le monde m'a dicté de déclencher. Une autre forme de voyage... d'expérience subjective.

Les différents photographes possèdent bien sûr leurs univers propres, leur singularité, et en même temps leurs images entretiennent entre elles de fortes affinités, des tonalités sensibles et souvent proches. Leurs photos proposent « des voyages dans les images » ou des « images voyageuses » qui consciemment ou non – il faut savoir que nombre de ces photographes se connaissent dans la vie et sont parfois amis – se font échos. 

Elles tissent entre elles des liens sensibles, visibles ou moins visibles. Voilà ce qui à présidé à mon choix, bien plus comme artiste invitant que commissaire (terme que je n'aime guère), et critique photographique, ce que je revendique plus.

J'aime le travail de ces artistes discrets. Leurs photos sont pleines d'humanité, jamais prétentieuses. Ici pas de grand format, ni d'imagerie lisse et froide. Ce sont des images que l'on a envie d'approcher, d'habiter, de s'approprier, pour les faire fictionner, pour soi, et avec eux, très subjectivement. 

Voir ces images, en toute confiance, dans une relation évidente, directe, les approcher sans méfiance, sans être intimidé par le parti pris d'accrochage, de prise de vue, mais au contraire retrouver des sensations d'enfance ou quotidiennes si vitales et si précieuses, et pour paraphraser Jean-Marie Baldner, pour « Se faire plaisir, simplement ». Des images faites par d'autres mais dans lesquelles l'on se reconnaît, l'on a envie de rentrer, sans complexe, en terrain familier et sensible.


Yannick Vigouroux, janvier 2012.

jeudi 2 février 2012

« Photophonie, entretien avec Karine Maussière »


© Photo Karine Maussière,
« Twentynine Palms, janvier 2007 »




« Yannick Vigouroux : J’aime cette image de téléviseur dont l’écran est « vide », en tout cas neigeux, réalisée lors de ton tour du monde.
Tes stations-service vides, désaffectées, sont aussi photographiées avec un téléphone mobile ; il y a, je crois une continuité entre tout cela ? Pourquoi ce goût du vide ?

Karine Maussière : Oui, en effet, le vide est assez omniprésent dans mes images. Dans ma toute première exposition photographique, je présentais "des lieux de fêtes", lieux désaffectés (usines, carrières...) où il y avait eu une fête, une free party, les tirages étaient très grands (100 x 150 m).  Lors d'une project-room à la galerie Pailhas, les tirages ne mesuraient plus que 50x70 cm et étaient intitulés " espaces clos " : chambres, recoins et chaises, fauteuils abandonnés, salles de bains vides...

Plus récemment, dans mes dernières séries, j'ai photographié avec mon photophone Sony Ericsson des bureaux et les halls d'accueil déserts des galeries d'art à New York...

Ces derniers temps, je me suis aussi intéressée aux sites des Roms à Marseille, une fois partis... que reste-t-il ? Que sont devenus ces territoires ? Il ne reste qu’un sol couvert de détritus, sans qualité, sans identité…

Ce vide reflèterait-il l'absence de l'être ou, au contraire, une présence en creux, un "potentiel", quelque chose qui attend d'être rempli, et par extension d'être réalisé " ? L'idée du Tao n'est pas loin, je suis assez proche de cette  philosophie. Je pratique d’ailleurs un peu le Reiki...

Mais l'idée " du devenir " de Gilles Deleuze joue aussi un rôle important dans ma pratique, les espaces qui m'intéressent tentent de devenir des zones d’autonomie temporaire (Hakim Bey), ou encore un "jardin planétaire" (Gilles Clément). Ce sont des espaces de création, de liberté...

YV : Ces espaces m’évoquent aussi les "non-lieux" chers à Marc Augé...

KM : C'est une référence importante pour moi. Je me suis souvent intéressée aux aéroports, aux espaces de transit vides...
http://kalucine.blogspot.com/2006/11/tokyo-kuala-lumpur.html

 
YV : Pourquoi préfères-tu désormais utiliser un téléphone mobile plutôt qu’un appareil argentique ou numérique qui n’aurait vocation qu’à prendre des photos ? (et des vidéos dans le second cas).

KM : J'ai beaucoup utilisé le 24x36, puis le 6x6 cm et le 6x7cm (en montagne, c'est lourd, encombrant, fatiguant quand on part seule plusieurs jours et que l’on marche pendant plusieurs km). Puis un jour, on m'a offert un téléphone portable - je n'en avais pas et cela fatiguait mes amis que je sois injoignable -, j'ai commencé à faire des photos avec et je me suis prise au jeu. 
 
Lorsque l’on voyage, que l'on a une âme de nomade, il faut emporter quelque chose de léger.  J'aime faire de la photo sans contrainte technique, le photophone m'a permis de courir, de sauter, de faire des images à la volée et ce, lors d'un tour du monde... 
 
YV :  Justement, à propos de voyage, empruntant le titre d’un livre de Philippe de Maistre, Voyage autour de ma chambre (1795), tu as photographié en gros plan des détails des objets de ta chambre, de ton lit, ta fenêtre, ton corps. Dans l’introduction au catalogue Les Images voyageuses (à paraître), j’évoque justement le fait que le voyage commence au coin de la rue, voire dans l’espace intime de la chambre. Il me semble que c'est justement cela qui est en jeu dans les minuscules impressions que j’ai vues accrochées lors de ta récente exposition à la galerie Vol de Nuits (http://www.karinemaussiere.com/2011/11/photophonie-galerie-vol-de-nuits.html). Il me semble que l'utilisation d'un photophone encourage une telle posture, physique et mentale...

KM : je vis en permanence avec mon photophone, le jour, la nuit. Lorsque je suis malade, il est près du lit. Je l'ai toujours avec moi lors d'une Party, en voyage. En balade, il est dans ma main... le photophone est le compagnon idéal, il est aussi très utile lorsque l'on se sent glisser vers un côté plus obscur, et il révèle beaucoup de notre intimité.

Il permet de prendre des notes visuelles. C'est ce qui m'encourage à m'exprimer dans un blog, le photophone est comme un crayon de papier, un stylo à billes, qui permettent de prendre des notes intimes, simplement et vite ; ce téléphone est pour ces raisons le compagnon de route.

YV : je pense la même chose de mes box 6x9 cm si légères (des sténopés à peine améliorés munis d'une simple lentille), que je compare à des stylos à billes ou à des crayons de papier et, désormais, de mon photophone. Cela me fait aussi penser à des prises de notes, mais des notes ou croquis, esquisses, qui ne seraient pas seulement préparatoires, mais bien une fin en soi !...

Ces appareils encouragent une écriture visuelle plus spontanée, qui s'accorde bien (ou l'inverse) à celle de ton écriture littéraire. Tu écris en effet dans ton blog, « Kalucine » :

« Matin midi et soir
Du bureau au divan au lit
Je passe mes heures
Grises

 

A regarder le paysage
A arpenter les lignes
A compter les moutons Roses

 

Ils sont nombreux
Ils ne mangent pas les fleurs
Ils sont là
A voler avec le vent
Transparents. »



Dans ce texte, il y a un rythme brisé, un mouvement lent très visuel, ainsi qu'un climat étrange, que j’aime beaucoup...

Je reviens à l’image de l’écran de télévision neigeux photographié dans une chambre : les tirages exposés à Vol de Nuits étaient très petits, cela me fait songer à des microcosmes intimes, un peu cette petite boule-souvenir neigeuse que j’ai acheté à Marseille, comme j’aime tant les collectionner…Tes stations-service vides relèvent aussi je crois de cette logique de collection ?

KM : Oui, collectionner ... les stations-service font partie d'une collection (n° 26 pour 26 images dans leur boîte), boîtes numérotées de 1 à 26... le n° 18 correspond aux galeries de « Gotham-City », il devrait y avoir à l'intérieur de cette collection, les aéroports, les métros...

YV : Que penses-tu, toi qui pratiques tant la photophonie, des modes « vignette », « Diana », « polaroid », permis par les Iphones et autres Smartphones, appareils Androïd, qui imitent les effets des appareils-jouets, ou amateurs argentiques en plastique ? "

KM : Le photophone est un outil contemporain, mobile, discret. Sa technique de pointe (objectif Lens, entre autres...) permet désormais de faire des images où lumière et piqué sont au rendez-vous. Les applications que certains appareils fournissent, pourquoi ne pas les adopter pour traiter un sujet ?... le métro à Marseille est flashy, sous les néons les sièges sont oranges... je voulais des images où les couleurs du métro et du tramway soient saturées, l'application « Hipstamatic » me l'a permis.

YV : Je trouve l’aspect « criard » des couleurs très saturées de cette série surprenant, il contraste énormément je trouve avec la douceur des photos que tu as réalisé pendant ton voyage autour du monde…

KM : Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas... Marseille transpire, Marseille est criarde. Et puis il y a ce format carré que j'aimais tant lorsque je pratiquais l'argentique avec mon Rolleiflex. J'aime beaucoup ce format, l'image est plus recentrée sur elle, plus féminine, un cercle s'inscrit dans un carré, tout naturellement. La composition diffère... L'Hipstamatic me permet de faire des images plus picturales que celles réalisées autour du monde, aux tons doux.

Mais depuis quelques jours l'application ne marche pas comme je veux... serait-ce le signe qu’il faut que j’en change ?

YV : Peut-être. Je pense en effet, que dans certaines pratiques, comme la mienne et la tienne, me semble-t-il, pannes et accidents divers ne sont pas forcément un frein ou un blocage définitif, ou encore un échec, mais souvent au contraire un encouragement à explorer d’autres voies, dans le fond comme dans la forme…

KM : Un jour viendra, où la couleur sera orange, lors d' un autre voyage, avec un autre outil... mais pour l'instant, je persévère et espère tout en secret, une belle exposition sur les territoires inexplorés de Mars...



 

Propos recueillis par Yannick Vigouroux en janvier 2012.




 

Karine Maussière



© Photo Karine Maussière, « Tout près de Baïkal, juillet 2006 »


Karine Maussière vit sous le soleil, exactement, au milieu d'un jardin, dans le sud de la France. Née en 1971, elle se familiarise très tôt avec la route et la marche en montagne auprès de parents aux pieds levés.

Après avoir étudié l'Art et la photographie à l’école Supérieure des Beaux Arts de Marseille (DNSEP 1996), elle se consacre à la photographie plasticienne. Proche de l'underground et des travellers, elle décide en 2006 de partir faire un tour du monde sac au dos.

Karine Maussière pense à la photographie comme un outil sensible plus que technique. : elle utilise depuis 2006, un photophone. Outil léger, discret, contemporain, facile à transporter. Outil de la mobilité, il favorise un rapport spécifique au monde et permet une certaine disponibilité à l'émotion avec la fabrication en 1 clic de l'image.

Ses travaux, qu’ils soient argentiques (Project-Room, Galerie Roger Pailhas, Marseille 2002) ou numérique (Photophonie à la galerie Vols de nuit 2011), traitent du vide. Ce vide reflèterait-il l'absence de l'être ou, au contraire, une présence en creux, un "potentiel", quelque chose qui attend d'être rempli, et par extension d'être réalisé ?

Karine Maussière est mandatée par les ateliers de l’image et le CAUE13 sur des projets Photographie et Architecture en collège. Avec la galerie des Grands Bains douches, elle propose des balades urbaines.

jeudi 26 janvier 2012

Rémy Weité




 

© Photo Rémy Weité, 
de la série « Ailleurs », 2010




Né en 1961 (Montbéliard). Pratiquant la photographie depuis son enfance, il découvre en 2002, avec un appareil numérique bas de gamme, une manière différente de photographier, moins académique. En 2006, il se rapproche des photographes du collectif Foto Povera, mouvement alternatif qui revendique une photographie sensitive et poétique. Expositions : « Révélation # 4 », Paris (2010) ; organisateur et exposant à la première biennale de photographie contemporaine de Rambouillet (2010) ; « Arts en fête – La Clayette » (71) (2011) ; exposition centrale des « Rencontres photographiques » du Xe, Paris (2011).


Yannick Vigouroux


 
© PhotoYannick Vigouroux, 
« Lisbonne, 1998 », série « Littoralités »



Né en 1970, photographe, critique d'art et historien de la photographie. Diplômé de l’École Nationale de la Photographie (Arles), il a publié plusieurs livres sur la photographie. Co-fondateur en 2005 du collectif Foto Povera, il a publié en même temps, avec Jean-Marie Baldner, Les Pratiques pauvres, du sténopé au téléphone mobile (CNDP / CRDP Créteil, Isthmes éditions). Les photographies de la série « Littoralités », réalisées à Lisbonne avec un box 6x9 cm, ont été publiées dans « Naufragée » (texte de Sylvain Estibal), aux éditions Thierry Magnier, en 2007. Après vingt ans de pratique argentique, il explore désormais les nouveaux territoires artistiques que proposent les téléphones mobiles et les sténopés numériques.

Pierryl Peytavi

 
© Photo Pierryl Peytavi, « Le Vésuve, 2008 », 
série « Ballade avec Brownie »
  


Né en 1970, il se considère comme un photographe de la myopie. La photographie est pour lui un voyage, à la fois extérieur et intérieur. Transfigurer le réel. Ce qui l'’intéresse, c’est d’aller au-delà, de tenter d'’approcher les frontières de ce qui est spontanément visible dans le monde. La subjectivité y est revendiquée et elle renverse la représentation en « image-sensation ». Avec la myopie extrême on ne sait plus ce qui est dehors ou dedans ; ce qui est défini ou indéfini ; ce qui est de l’ordre de la réalité ou de l’illusion. Ce travail illustre le désir d’extirper la vue à son aveuglement. Il tente de tirer de la réalité la poésie qui est masquée.
Expositions en France : Montpellier, Paris, Grenoble, Cannes, Annecy, Sedan…et à l’étranger : Atlanta. Interventions pédagogiques : New York, Rodez, Région parisienne.

Eric Bouttier


 
© Photo Eric Bouttier,
« Les yeux de Léo », 2010, de la série « Les temps calmes"



Né en 1981, photographe indépendant et plasticien, ses études universitaires en cinéma puis en photographie l’amènent à s’interroger sur les liens possibles entre images fixes et images mouvantes. Ses travaux, proches du journal intime, utilisant principalement des appareils amateurs (appareils jouets, Super 8) et abordant les questions du territoire d'origine et de l'enfance, mêlent donc différents médiums et supports de monstration qui s’inscrivent à mi-chemin entre photographie et projection: DES PAYSEMENTS (série de photographies en 7 volets, 2005 - 2011), D'ici (vidéo d'après film Super 8, 8 minutes, 2008), Les Temps calmes (diaporama de 71 photographies, 11 minutes, 2010), Le Voyage incertain (projet en cours). Expositions personnelles et collectives en France (Paris Photo / galerie du jour agnès b.; galerie Le Lieu, Lorient; Artothèque de Saint Cloud; Médiathèque d'Issy-les-Moulineaux; Révélations 3 et 5, Paris; galerie Aktinos, Quimper; ...) et à l'étranger (Russie, Chine, Corée du Sud, Serbie).